On rêvait tous d’un livre sur la liberté des bikers – Henri Loevenbruck

Nous rêvions juste de liberté : Merci Henri !

Quel livre… « On rêvait tous de liberté »  est le dernier livre de Henri Loevenbruck et c’est un hymne à la route, à la fraternité et à la liberté pour la face Ying

Pour la face Yang c’est le prix à payer lorsque l’on assume pleinement cette liberté de ne plus vivre selon les codes de la société mais ceux de notre plaisir, de nos rêves ou celui de renoncer justement à celle-ci.

On est pris par cette histoire et elle résonne j’en suis sûr de manière bien différente selon les lecteurs. Pour ma part durant toute la première moitié du roman j’imaginais cela dans les années 70-80 en France ! Bon bien sûr on était plus Zundapp Ks50, 400 et 750 four ou 350 RDLC plus tard mais l’atmosphère étouffante, le besoin de liberté, les blousons noirs étaient bien là aussi. En ne donnant pas trop de détails sur l’environnement  social, politique Henri Loevenbruck permet au lecteur de mettre les images dans nos têtes sur ses mots.

Ce roman c’est plusieurs romans à la fois. J’y ai retrouvé une mystique de l’amour de la mécanique du traite du Zen et de l’entretien des motocyclettes, une ode au voyage de Kerouac et certains passages de pure poésie qui m’apportait des réminiscences de la lecture de Baudrillard. C’est un rythme aussi, celui profond et cogneur du bicylindre qui produit un effet assez hypnotisant à la lecture.

Henri Loevenbruck

On se plonge rapidement dans cette histoire d’une bande de copains qui se lient d’une profonde amitié faite de code mais surtout d’amour de la Harley, bichonnée, préparée, trafiquée pour des virées magiques entre potes.

Ce roman est à tiroirs et on pourra le lire comme une simple aventure ou comme une pièce à la Shakespeare ou la trahison plane et finit par vous abattre mais plus encore comme un roman à une bande son de Springsteen entre ballades nostalgiques, riffs puissants et sentiments profonds, dévastateurs.

La fin est déchirante, sombre et fera certainement couler quelques larmes mais elle s’inscrit naturellement dans la trajectoire d’un idéaliste en lutte avec le système. Cela rappelle quelques épisodes réussis de la série S.O.A. La grande différence  est que Bohème refuse de tomber dans le travers des MC devenus sédentaires et marchands, oubliant peu à peu la route et la fraternité, les kilomètres avalés, au profit de l’argent accumulé.

Maintenant que le temps a passé, la magie opère encore dans nos balades que ce soit à trois ou bien plus tant que ce n’est pas en troupeau mais plus en meute. C’est d’ailleurs le meilleur moment cet été pour déguster ce livre et aller ensuite rouler au petit matin ou au soleil couchant !

On devait se voir avec Henri ce midi pour discuter tranquille à Espace France Asie et je comptais bien sur la redoutable efficacité des masseuses pour lui faire avouer ses secrets d’auteur mais comme j’ai galéré dans un embouteillage monstre et refait un pot de scooter avec le repose pied autoroute du brave street Bob… Raté !

Damned on s’est manqué à quelques minutes mais nos roues tournent et finiront bien par nous rapprocher donc partie remise pour la rentrée et une belle interview

Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes

Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes est un best-seller pour plusieurs raisons, la qualité de son écriture, l’intrigue ou les intrigues, sa poésie et sa philosophie distillées sans lourdeur au fil des pages.

Traite-du-zen-et-de-lentretien-des-motocyclettes_194

Je dois dire que sa lecture a été pour moi comme le voyage entrepris par l’auteur et son fils entre émerveillement, agacement et incompréhension. Il est plus question de folie que de zen dans cet ouvrage et comment un homme obnubilé par la qualité à en devenir fou retrouve la paix par un retour à la mécanique d’une bonne vieille moto.

J’ai adoré ses recommandations autour du choix des itinéraires pour trouver le plaisir à moto : ne jamais prendre des routes droites sur la carte mais celles qui se tortillent ! La description du plaisir de simplement rouler en prenant son temps et sans connaitre son itinéraire par cœur.

Intéressant aussi de le voir faire la liste des choses à emporter dans son paquetage et on se demande comment il arrive à faire tenir tout cela sur sa machine.

C’est aussi des pages sur l’amitié qui se créent quand on partage la route et l’éducation que l’on peut donner à ses enfants ainsi que la difficulté des rapports père-fils dans l’éducation et l’aide que l’on peut leur apporter à grandir parfois en surpassant des crises.

Laissez-vous donc emporter à cette époque des BMW 60 et devinez quelle moto conduit l’auteur 🙂